Water mafia : les truands ne sont pas là où on croit

mumbaiwaterproblem

Sous ce titre de film américain se cache une réalité beaucoup moins grandiose.

L’eau est le « pétrole du XXIe » siècle, c’est ce qu’on nous rabâche partout et les spéculations quant à la montée du prix de l’eau vont bon train. L’eau se raréfie, il faut donc mieux la gérer.

A Bombay, dans cette grande et belle ville de Bombay, quand on voit en plein été les gardiens d’immeuble nettoyer au tuyau les Mercedes des gens riches, on imagine que l’eau ne doit pas être un problème.

Non, pas pour eux.

Mais pour une bonne partie de la ville, c’est est un. La faute non pas à une pénurie d’eau, mais à des problèmes structurels, économiques et administratifs.

Il y a entre 13 et 15 millions d’habitants à Bombay aujourd’hui. La municipalité fournit environ 3900 millions de litres par jour, alors que le besoin est estimé à 4500 millions de litres. Il y a donc 600 millions de litres d’eau manquants chaque jour. De plus, les fuites d’eau dans les tuyaux, les petits larcins ainsi que les vols à la source représentent un manque d’environ 25%. Soit entre 900 et 1000 millions de litres.

Ce qui nous fait un manque total d’environ un tiers des besoins en eau de la ville.

Sans compter le fait que beaucoup de parties de la ville ne sont pas raccordées à l’eau, notamment dans les bidonvilles : c’est ce déséquilibre qui entraîne des abus.

Water flows

La water mafia, c’est soit des habitants qui ont accès à l’eau chez eux et qui la vendent à ceux qui n’en ont pas, soit des petits malfrats qui récupèrent l’eau des tuyaux au moyen de « water pumps » et qui la revendent là encore à ceux qui n’en ont pas. C’est certes du vol, la justice doit empêcher ça mais ce n’est pas non plus Al Capone et ses copains. Et pourtant, le gouvernement sanctionne ces pratiques très lourdement .

Mais la meilleure manière de lutter contre un système illégal, n’est-ce pas de créer un modèle équivalent, mais légal et organisé? Par exemple, il suffirait d’investir un peu en raccordant gratuitement le plus possible d’habitants des slums, de fixer le prix de l’eau en fonction du niveau de vie de chaque quartier, et organiser une distribution équitable.  Ainsi, il n’y aurait plus de business parallèle, moins de fuites générées par les connections illégales, les personnes raccordées paieraient leurs factures et le gouvernement ferait une opération financière rentable tout en assurant un service public équilibré.

Comme l’explique cette étude, des opérations policières ont ainsi été lancés contre ces voleurs d’eau, qui ont été immédiatement remplacés par des sociétés privées de vente d’eau, tout à fait légales mais qui finalement faisaient la même chose, voire pire que les autres : vendre de l’eau d’une qualité plus que douteuse à un prix très élevé.

C’est souvent le même problème qui revient dans cette ville: la criminalité légale est pire que la petite criminalité, car elle opère à plus grande échelle et sans être jamais inquiétée ni contrôlée.

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