Roti, kapda aur makaan

modi masks

L’Inde vient d’achever le processus qui fait d’elle (plus dans la théorie que dans la pratique) « la plus grande démocratie du monde ».

Depuis le 7 avril, jusqu’au 12 mai, environ 815 millions d’électeurs furent appelés à voter pour un de leurs 543 députés (ce sont des élections législatives) et, indirectement, pour le futur premier ministre Indien.

Et le grand vainqueur est Narendra Modi, leader nationaliste hindou, qualifié de « soft fascist » par ses détracteurs, mais considéré par la majorité des indiens comme étant la meilleure personne pour redresser le pays (les deux n’étant pas incompatibles).

Narendra Modi a profité d’un certain charisme, d’un bon bilan dans l’Etat dans lequel il est gouverneur, le Gujarat, de la faiblesse de l’opposition, et du ras le bol de la population vis à vis de l’historique et grabataire parti du Congrès qui a enfoncé le pays dans la corruption et l’inaction.

Et Bombay alors ?

Et bien Bombay est une ville qui ne vote pas. Ca fait 20 ans que le taux de participation ne dépasse pas les 50% dans cette ville. Je lisais l’autre jour dans je ne sais plus quel journal que l’image du Mumbaikar moyen était celle d’un type blasé par le monde, par la politique, et qui préférait noyer sa désillusion dans son verre de whisky plutôt que d’aller voter.

Personne ne voit l’intérêt de voter ici: Bombay est une ville trop grosse, trop puissante, trop riche, trop libérale, trop malhonnête, trop indépendante, trop crade, trop sexy pour avoir besoin de la politique. Avec ou sans politique, les choses roulent toutes seules, tant bien que mal. Personne ne souhaite vraiment voter, surtout pour un scrutin national : ni les riches, pour qui voter ne change rien à leurs affaires, ni les pauvres qui de toute façon auront toujours l’impression d’être ignorés par le gouvernement.

Ces derniers ne désirent que trois choses : Roti, kapda aur makaan. Du pain, des vêtements et un toit.

Concernant le logement, les dirigeants actuels ont bien essayé de légaliser un grand nombre de logements informels avant les élections, mais personne n’est vraiment dupe. En effet, cette légalisation est censée donner un statut officiel aux habitants de ces maisons et donc leur permettre d’accéder aux facilités de base comme l’eau, l’électricité, ou les toilettes. En théorie. Car en réalité, ce type d’initiative, très long à se mettre en place et souvent trop cher pour les habitants de ces quartiers, s’avère complètement inefficace.

Ainsi, plutôt que de s’attacher à des promesses qui n’engagent personne, chacun essaie de s’accommoder de cette situation pourrie par des petits plaisirs éphémères sans conséquence :

“It is common for politicians of all parties to offer money, saris and alcohol to a few leaders in the slums, who distribute the money and gifts among the slum dwellers before the elections,” said Chandrashekhar, an architect and activist who goes by one name and who has been involved with several slum rehabilitation projects. “Slum dwellers accept the money and gifts willingly, then they vote for whoever they want to.”

Démocratie, mon cul !

(SOURCE)

By KS Chawla

By KS Chawla

NB : Participation officielle à Bombay

Cette année, le taux de participation à Bombay a atteint 51,8% ; même si c’est encore très bas, la barre des 50% a été franchie, prouvant un intérêt pour ce scrutin historique. Cependant, les bidonvilles n’ont voté qu’autour de 45%. La palme revient à Mankhurd- Shivaji Nagar, dans l’est de la ville, qui rassemble les populations les plus pauvres. Seuls 40,8 % des gens ont voté.

La participation moyenne en Inde a été de 66,38%.

A Bombay, le BJP et son allié du Shiv-Sena (parti nationaliste Marathi, très puissant à Bombay), ont remporté les 6 sièges de la ville, et mettent ainsi au placard les députés du parti du Congrès qui occupaient ces sièges avant eux.

Une réflexion sur “Roti, kapda aur makaan

Laisser un commentaire